TRIUMPH TR7V8

Triumph TR7 V8

Une ancienne histoire me lie à cette voiture.

 En 1980, En Belgique, je travaillais via une agence de promotion publicitaire pour le BELGA TEAM.  Et en déplacement aux 24 H d’Ypres, j’ai été impressionné par la Triumph TR7 V8. Spécialement la nuit, quand avant même de  la voir surgir à l’entrée d’un virage, on l’entendait venir de loin. Un rugissement fabuleux, un aboiement à chaque accélération, un bruit caverneux décrivant un moteur coupleux, des Weber respirant de partout, un bruit d’échappement sourd et puissant l’annoncaient. Puis aveuglé par ses phares, on voyait cette Triumph aux couleurs de British Leyland passer en glissade dans un virage resserré, et s’éloigner très très vite, mais en souplesse. Rien à voir avec le hurlement de la 911 GR4, le miaulement des Escort.

Des années après, en 2014, Stéphane Poudrel et Alain Garçon qui écumaient avec brio les rallyes VHC de la Drôme et alentours avec une excellente Opel Kadett GTE, me demandèrent de leur trouver une voiture plus compétitive encore. Alain Garçon pensait à une Escort MK1 avec moteur BDG. J’ai cherché pas mal de temps une bonne voiture. Puis j’ai finalement trouvé celle d’Antonio Sainz, frère de Carlos Sainz, oncle de Carlos Sainz junior. Très belle, hors budget, papiers originaux d’une 1300 GT… Cela m’embêtait de devoir dépenser beaucoup, beaucoup d’argent pour une voiture effectivement bien montée, mais avec aucune valeur historique… Puis j’ai été attiré par les Sunbeam Talbot Lotus, originales,  extraordinaires mêmes, peu courues,  associées à une pauvre réputation  concernant son moteur ( aujourd’hui ceux -ci ont été largement fiabilisés. Il est vrai que ce qui est facile avec l’Escort, c’est que l’on trouve tout ce que l’on veut pour en monter une ! Des carrosseries neuves, des motoristes à la pelle, des catalogues de pièces type «  La Redoute », ( pas le restaurant). C’était trop facile.

Puis m’est revenue à l’esprit la voiture de Pond.. Là, c’était autre chose : méconnue, voiture qui n’a jamais été «  aboutie » avec à peine 3 ans de carrière en rallyes; et surtout dans des pays « froids », à l’exception de la Corse et du Portugal. Une ligne originale, qu’encore aujourd’hui les spectateurs confondent avec une Fiat X1/9, ou se disent «  et çà là, c’est quoi ? »

 Une nuit de recherches. 24 voiture construites par l’usine, et encore..  un meli – melo de caisses d’ex TR7 Sprint 16 S 2.0 ( moteur de la Dolomite Sprint) se retrouvant avec  le V8 3.5 d’origine Buick, des améliorations d’une voiture à l’autre,  un staff qui ne s’entendait pas, des grèves d’usine.

Et puis, une annonce, en Belgique » A vendre,  Triumph TR7 V8 ex usine, ex  « Per Eklund, Makkinen , Buffum… » la sœur de celle de Pond.

 Je prends contact, monte la voir, redescend avec des photos, les montre à Stéphane Poudrel qui me dit » mais c’est gros cette voiture ! » j’avais anticipé sa réaction, et lui ai démontré qu’à peu de choses près, c’est l’empattement et la voie d’une Escort, d’une Kadett GTE, mais plus basse.

 Je réserve 3 places d’avion pour la Belgique 2 semaines plus tard. Alain  se gratte la moustache, Stéphane l’examine sous le pont, je regarde les papiers, dont le certificat d’authenticité de Davenport, ex – boss du team British Leyland ; Stéphane l’essaie, et sobrement dit à Alain «  C’est bon ».

2 autres semaines plus tard, Stéphane et moi ramenons «  HRW 251 V » à La Garde- Adhémar.

 Il a fallu tout réviser. Les réglages de train,  les pneumatiques,  régler le moteur . Un premier rallye : abandon  après une première spéciale extra, mais hop ! surchauffes de partout ! moteur, freins.. Stéphane décide sagement de se retirer. Et, après une bonne révision de fond en combles, des essais, des participations, il n’a fallu que quelques rallyes pour que cette voiture n’explose les chronos, trouve de la fiabilité. Malheureusement très  peu avec son nouveau propriétaire, Alain Garçon, décédé peu de temps après avoir acheté cette voiture. Une voiture bien née, mais que le team d’usine n’a pas eu le temps de dégrossir : les Gr B s’annonçaient, la Metro  6R4 était dévoilée et en novembre 1980 British Leyland retire les TR7V8 des rallyes.

 Et Stéphane Poudrel continua le développement, avec le succès que l’on sait. Il a fait des émules, HRW 251V, la « grand-mère » a été retirée des épreuves, et a fait des petits : Aujourd’hui 4 TR7V8 sont sorties de l’atelier de Stéphane, le regretté François Lethier a développé de son côté 2  Triumph TR7V8  de rallyes ( 2 terre et une tarmac ) ainsi qu’une extra-ordinaire réplique de la TR8 GR44 de Bob Tullius qui dès  sa première sortie avait atomisé toute la concurrence en circuit aux USA . ( J’ai eu le privilège de participer à la naissance  de la réplique de cette voiture  d’exception )

 Et puis voilà.. d’autres projets similaires naissent peu à peu.. en Ardèche,  au Luxembourg, en Hollande…Bien évidemment aussi en Angleterre et en Nouvelle – Zélande, ou les réglementations sont plutôt clémentes, (moteur boîte pont de Lexus V8 ! )

C’est toujours un vrai et authentique plaisir de voir et d’entendre une TR7 V8 débouler sur une route…et d’écouter les commentaires d’un public émerveillé.. des vrais enfants, je vous dis !

 A quand un rallye au cours duquel toutes les TR7V8 d’Europe seraient présentes ?

Shopping Cart